« Deux leçons du BDSM qui pourraient améliorer votre vie sexuelle ! » (ou pas)

Mars 09
« Deux leçons du BDSM qui pourraient améliorer votre vie sexuelle ! » (ou pas) 09 Mars 2023 Larry

Vu que je passe beaucoup de temps à regarder ce qui se dit et s'écrit sur le BDSM, je tombe -et retombe- souvent sur certains sujets.

Pour vous dire la vérité, il y a quelques sujets qui sont repris si souvent (et généralement avec une totale ignorance) que ça devient ridicule.

Évidemment, les sujets les plus fréquents tournent autour des grands thèmes BDSM dont j'ai déjà parlé : le SSC/RACK, le consentement, les mythes du BDSM (qui généralement en oublient 90% ou en ajoutent eux-même), etc.

Un thème récurrent, que je vois vraiment passer -trop- régulièrement dans toutes sortes d'articles (ou de vidéos), consiste à utiliser le BDSM comme un « exemple » à suivre. On vous sort ça généralement sous forme de leçon, avec un ton pas toujours très approprié (euphémisme), parce qu'un peu insultant (ou plus).

(Généralement, ces articles se focalisent sur le « consentement ».)

Un titre typique, sera du genre (c'est un vrai exemple que je viens de voir passer) :

  • Deux leçons du BDSM qui pourraient améliorer votre vie sexuelle !

Ça m'agace vraiment de lire ça !

En fait, en plus d'être du non-sens, c'est -à mon avis- sournoisement nocif voire dangereux.

Pourquoi ?

D'abord, ces articles sont TOUJOURS beaucoup trop positifs, parfois dithyrambiques, sur « le BDSM ».

1) Quel BDSM ?

Mais « le BDSM », comme ils le présentent, ça n'existe pas ! Quand ils parlent de cette façon, ça implique que le BDSM est uniforme, qu'il comprend un certain nombre de valeurs unanimement respectées, bref on en revient à l'idée qu'il y a une « communauté BDSM » (chose qui n'existe pas réellement).

Je sais que je radote, mais le BDSM, fondamentalement, c'est juste un groupement -un peu hasardeux- de plein de pratiques ayant plus ou moins des points communs. Et le terme BDSM est surtout utile pour communiquer, rendre plus facile à expliquer le type de choses qu'on fait. Le BDSM n'est pas une philosophie qui aurait été créée d'abord et qui aurait ensuite commencé à être suivie, c'est tout l'inverse : on a a posteriori rationnalisé tout ça.

Dès lors, il est absurde de parler du BDSM comme on parlerait par exemple d'une philosophie (ou d'une religion) qui comprennent des règles de conduite morales et éthiques.

C'est vrai qu'il y a des idées qui sont échangées parmi les gens qui font du BDSM, sur des forums, dans des écrits, ce genre de choses. Et des groupes ou des individus ont tenté de poser explicitement certains principes, voire des règles.

Tout ça, c'est très bien, mais PERSONNE n'est obligé de les suivre, et la plupart des gens qui font du BDSM n'en connaitront même pas l'existence...

C'est un problème de réduire « le BDSM » à la parole (arbitraire) d'une infime minorité qui ne peuvent certainement pas prétendre représenter l'ensemble, ou même une partie conséquente, des gens faisant du BDSM.

Et je ne parlerai pas du fait que souvent ces personnes très visibles ont une vision très étroite, souvent désagréablement élitiste, du BDSM.

2) Exagération

De façon générale, le BDSM est pratiqué par un peu tout le monde, et la majorité des personnes qui en font ne se renseignent pas.

Parfois elles ignorent même que c'est du BDSM, et ne vont certainement PAS lire des écrits parlant de consentement ou de sécurité ou autre.

D'ailleurs, même s'il y avait plus ou moins un esprit de groupe, comme on peut en voir disons, pour les supporters sportifs, ça ne veut pas pour autant dire qu'il y aura une uniformité et encore moins que tous et toutes respecteront des « principes ».

Ensuite, franchement, chaque fois que je lis ce type d'articles, je gémis devant l'exagération de l'auteur/eure. À les lire, on dirait que le BDSM est un monde merveilleux plein de « licornes qui pêtent des arc-en-ciels » et où « tout le monde est beau et gentil ».

Si c'était vrai, ça se saurait !

Et je ne suis pas du tout le seul à pointer du doigts les très nombreux problèmes qui existent dans « le BDSM » (notamment dans ces prétendues « communautés »).

Après, bien sûr, il est super facile de pondre des grands écrits super positifs sur le BDSM, présentant tout ça comme étant merveilleux, sous une lumière totalement biaisée et éloignée de la réalité. J'en voit passer sans arrêt, surtout venant de gens qui ne connaissent pas la réalité du BDSM. Mais personne de sensé ne devrait confondre des idées, des grands principes, et la réalité (qui est nettement moins glorieuse) !

3) Pas BDSM ?

Un autre souci, perturbant, c'est le sous-entendu, que les gens qui ne font pas de BDSM ne respectent FORCÉMENT pas ces « valeurs », bref sont des porcs et truies.

C'est très insultant et injuste envers les gens qui ne font PAS de BDSM !

Avoir une bonne attitude, ne pas mal se comporter, communiquer, et tout le reste (consentement et autres), ça n'est PAS RÉSERVÉ aux gens qui font du BDSM. Si c'était le cas, ça se saurait ! (Et je ne parle même pas des personnes faisant du BDSM qui se comportent comme des @#!)

C'est aussi très arrogant de présenter les choses comme ça. Moi, je suis à fond dans le BDSM, je n'ai pas la prétention que ça fait de moi, par soi-même, quelqu'un de « meilleur ». Avoir une bonne attitude, bon caractère, bien se comporter, c'est personnel, ça n'a RIEN à voir avec faire du BDSM.

4) Nocivité

Enfin, je pense que ces articles sont nocifs, à la limite du dangereux, parce qu'ils présentent le BDSM comme étant par soi-même une protection, une assurance contre les problèmes qu'on rencontre souvent dans les couples.

Ça donne l'impression que si vous croisez quelqu'un qui dit faire du BDSM, cette personne sera forcément fiable, « bienveillante » (pour utiliser les grands mots), etc.

Ce serait trop beau si c'était vrai !

Pour moi, tout ça, c'est nocif, et dangereux pour les personnes qui débutent le BDSM, surtout celles qui se font beaucoup d'illusions sur le BDSM (qui voient ça de façon exagérément positive).

Conclusion

Il ne suffit pas de dire que quelque chose est vrai pour que ça soit la réalité.

Dire que le « BDSM », que les gens qui le pratiquent, ont par nature de « meilleurs » comportements n'en fait pas une réalité. Le BDSM, ça n'est pas magique, ça ne transforme pas soudainement les gens de façon positive.

Mais l'aura du BDSM reste très présente, et il est plus facile d'écrire de façon simpliste qui ne requiert pas d'esprit critique. Ce n'est pas demain qu'on verra fleurir des articles nuancés et basés sur la réalité !

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