Gays, bis, heteros & BDSM : les stats

Janv 15
Gays, bis, heteros & BDSM : les stats 15 Janvier 2022 Larry

Ça fait maintenant longtemps que j'explore la réalité du BDSM. Et avoir des études, des chiffres, c'est toujours mieux, évidemment. Un des gros problèmes du BDSM, qui renforce les mytheset préjugés étant le folklore, basé sur une approche non scientifique du sujet.

C'est pourquoi j'ai ajouté une page de statistiques BDSM sur mon site.

MAIS, parmi les stats que j'ai pu voir passer, il y a UNE chose en particulier qui m'a toujours surpris puis gêné, car j'ai du mal à croire que ça puisse être vrai, du moins à ce point-là...

Ce sont les chiffres pour le BDSM chez les gays et bis, comparé aux hétéros. À première vue, les chiffres ne devraient pas être radicalement différents selon l'orientation sexuelle. Sauf que, si on se fie à certaines études, ils le sont, et sont vraiment TRÈS DIFFÉRENTS ! C'est à un tel point que j'ai VRAIMENT du mal à y croire.

L'exemple le plus étonnant que je connaisse est celui que je présente ci-dessous. Notez l'énorme disparité des pourcentages, et à quel point les chiffres sont supérieurs pour les gays et SURTOUT, pour les bis !

Source : (publiée en 2009) https://www.researchgate.net/publication/228641949_A_Global_Survey_of_Sexual_Behaviours (Extrait de la page 43.)

Table 5 : Range of sexual activities - Bondage/ S & M

  • Heterosexual Male : 8%
  • Heterosexual Female : 5%
  • Homosexual Male : 12%
  • Homosexual Female : 28%
  • BisexualMale : 24%
  • Bisexual Female : 23%

Ces différences sont CHOQUANTES, je ne peux pas croire que ce soit vrai. Du moins, pas de la façon dont on lit la table naïvement. SOIT les chiffres des hétéros sont trop BAS, soit il y a un sérieux problème avec les autres chiffres, soit les 2.

Sérieusement, pourquoi une différence dans l'orientation sexuelle justifierait de tels écarts, ça n'a AUCUN SENS.

Je pense qu'il y a plusieurs éléments qui se mélangent pour expliquer ces résultats que je juge erronés.

D'abord, pour moi, les chiffres des hérétos sont bien trop bas comparé à la réalité ! C'est clair qu'ils sont incorrects. Ils font partie des chiffres les plus bas que j'aie vu dans des études...

Alors, pourquoi ces différences ? Pourquoi TOUS les chiffres ne sont-ils pas trop bas ?

Je pense, comme pour le problème de la fameuse étude australienne de 2008 (voir ma page de stats), la question était certainement mal posée. Je parie qu'ils/elles utilisaient des mots que la majorité des gens ne comprennent pas. C'est le classique coup de demander « faites-vous du BDSM ? » (le terme SM fait peur, la réponse est NON), comparé à « avez-vous déjà attaché/e votre partenaire ou donné/reçu une fessée ? » (la réponse est souvent OUI).

Maintenant, il est PROBABLE que des personnes qui sont gays/bis ont accepté leur sexualité, et ont plus exploré celle-ci (pas forcément en BDSM), ou ont plus de connaissances sur ce qui se fait hors des schémas/normes supposés « socialement acceptables » étant donné qu'être gay/bi est déjà hors de ces « normes ». Je pense donc qu'une bien plus grande portion de ces populations auront entendu parler de BDSM et autres, ou auront moins peur de dire la vérité, et répondront plus aisément aux questions.

Franchement, toute personne qui connaît même un peu le BDSM devrait se rendre compte qu'il n'y a AUCUNE raison pour ces différences. Le BDSM, c'est un sujet totalement indépendant de l'orientation sexuelle...

Ça m'étonne quand même, qu'en 2009, ils/elles n'aient pas vu le problème. Si l'étude avait daté de 1980, j'aurais compris, avec les stéréotypes absurdes de l'époque, mais là, en 2009, on avait largement dépassé ce stade.

➜ Les études, c'est bien, mais comme je le dis depuis des années, elles ont SOUVENT des problèmes (ce qui ne veut pas dire que TOUT soit faux dedans).

Pourquoi le BDSM est comme un iceberg

Oct 25
Pourquoi le BDSM est comme un iceberg 25 Octobre 2021 Larry

J'ai trouvé une autre image (assez classique) pour mieux faire comprendre ce qu'est le BDSM EN VRAI.

➜ Le BDSM est comme un iceberg.

Si vous suivez un peu mes écrits, articles & blog, ou mon Podcast, vous savez déjà que le BDSM est très répandu, et que l'un des problèmes de perception majeur est que les media (et par extension le grand public) se focalisent uniquement sur une -infime- minorité de gens qui sont visibles, à fond dans leur BDSM, et qui généralement participent au « BDSM public » (Munchs, soirées/clubs, voire sites BDSM comme le site de communauté BDSM FetLife). C'est ce que j'appelle le 1%, même si le chiffre est arrondi, la vérité est sûrement nettement moins que 1%...

Au fait, je vous rappelle que je fais partie du 1% de personnes qui sont à fond dans le BDSM, mais moi, je ne participe pas au « milieu public BDSM », que je trouve toxique.

De façon assez facile à comprendre, ce sont les gens qui sont les plus visibles, qui sont interrogés quand il y a des interviews/articles sur le sujet. C'est pour ça qu'on retrouve souvent les mêmes témoignages d'un article à l'autre.

Du coup, évidemment, il n'est que trop facile de les confondre avec « LE » BDSM (une notion absurde évidemment). Et ça renforce cette idée problèmatique d'un BDSM élitiste et pratiqué par une minorité « exaltée » (LOL).

Mais, bien entendu, ce n'est là qu'une très faible minorité, la partie visible de l'iceberg. Bien sûr, en réalité, la partie émergée des iceberg est environ 10%, pas 1%, mais bon, on comprend l'image, elle est souvent utilisée... Au fait, vous aurez probablement remarqué que mon illustration n'est pas du tout réaliste (la partie émergée est bien trop petite) : je voulais juste souligner la différence entre la partie visible et la partie non visible...

Même si on ne considère pas les gens qui font du BDSM sans vraiment le savoir (qui ne comprennent pas ce que recouvre le BDSM), la très grande majorité des gens qui en font ne pratiquent que dans leur relation, ne sortent pas, ne participent pas à la « vie publique » BDSM. Et je ne parle pas des gens qui ont des fantasmes, mais qui ne pratiquent, là le chiffre exploserait...

Enfin, je n'ai pas totalement perdu espoir d'arriver un jour à faire passer ce message auprès des media, et du « grand public ».