Le BDSM face à l'hypocrisie de la psychiatrie

Janv 29
Le BDSM face à l'hypocrisie de la psychiatrie 29 Janvier 2021 Larry

Nous avons déjà expliqué ailleurs que la psychiatrie est un des pires ennemis historiques du BDSM.

Les psychiatres du 19e siècle (et leurs successeurs) ont écrit sur le sujet avec la plus totale ignorance, d'une façon choquante, projetant les énormes préjugés de leur époque sur les gens qui pratiquent le SM (le terme BDSM n'existait pas). Ce qui a eu une terrible conséquence : donner une « caution médicale » qui a permis de discriminer contre ce type de pratiques sous un couvert pseudo-scientifique.

Malgré divers progrès récents, les choses sont LOIN d'être résolues.

Nous allons vous présenter ici un exemple -consternant- de l'hypocrisie, souvent choquante- qui continue à exister dans les écrits psychiatriques.

Voici une définition médicale (psychiatrique) du « trouble de masochisme sexuel », fortement inspiré par le DSM 5 (la « bible » de la psychiatrie américaine) :

https://www.msdmanuals.com/fr/professional/troubles-psychiatriques/sexualit%C3%A9-dysphorie-de-genre-et-paraphilies/trouble-de-masochisme-sexuel

La pathologie doit également avoir été présente pendant ≥ 6 mois.

Ce critère de 6 mois est totalement arbitraire, il sort de nulle part et n'a jamais été justifié/expliqué. Il a d'ailleurs été dénoncé (vigoureusement) par des psychiatres et diverses associations de médecins/psychologues ! Pourtant, depuis des années, il est utilisé dans diverses versions du DSM et présenté comme « la vérité ».

La prévalence de la forme paraphilique du trouble de masochisme sexuel est inconnue. Cependant, une enquête téléphonique en Australie (2001 à 2002) a révélé que 2,2% des hommes et 1,3% des femmes ont déclaré avoir été impliqués dans du masochisme sexuel et/ou du sadisme au cours des 12 derniers mois.

Cette statistique est LOIN d'être représentative, nous avons présenté sur notre page de statistiques des chiffres qui varient fortement selon les études et leur façon de poser les questions... Pourtant, depuis des années, le DSM se sert de ce seul exemple, ça n'a aucun sens !

Enfin, c'est quand même moins grave que leur précédente présentation qui affirmait qu'il n'y avait pas de femmes qui fassent du BDSM... (Consternant de stupidité !)

Cependant, certains masochistes peuvent surenchérir dans la gravité potentielle de leurs pratiques avec le temps, ce qui aboutit potentiellement à des blessures sévères, voire le décès.

Ici, nous touchons au coeur du problème : l'insistance LOURDE sur les risques potentiels («blessures sévères, décès ») pourtant rares, afin de donner une justification à leur jugement négatif. Cette façon biaisée et hypocrite de présenter les choses est récurrente ! Nous avons lu de nombreux articles où les risques potentiels étaient directement utilisés pour stigmatiser le BDSM et demander ou justifier son interdiction.

Rappelons, s'il est nécessaire, que le BDSM est un continuum, du plus léger au plus extrême (ils le disent eux-mêmes !), et évidemment, les gens qui font des choses réellement risquées sont peu nombreux (et nombreuses). Les accidents, ça arrive oui, mais c'est rare. On pourrait aussi bien justifier de ne pas traverser la rue à cause des accidents avec de tels raisonnements !

L'asphyxiophilie est considérée être un sous-type du trouble de masochisme sexuel.

Depuis plusieurs années, un autre argument fallacieux a été rajouté à leur panoplie : l'asphyxie auto-érotique. Celle-ci a connu un important gain d'exposition dans les media, suite à diverses affaires impliquant des acteurs et autres célébrités (qui se sont tuées en la pratiquant) ainsi -probablement- que les pratiques de lycéens (avec un foulard).

Depuis, nous avons remarqué que cette pratique qui n'est qu'un PETIT sous-ensemble des pratiques BDSM (et qui est aussi pratiquée par des gens ne faisant PAS de BDSM !) est énormément mise en avant.

Par exemple, dans l'article que nous discutons, elle occupe 20% de l'article (120 mots sur 599 !). Comme expliquer qu'une pratique représentant un si petit % devienne soudain le focus de ces diagnostiques ? C'est clairement une manipulation pour extraire LE cas dangereux afin de justifier la stigmatisation générale de ces pratiques !

Suite à des demandes de plus en plus fortes pour la suppression de ces paraphilie du DSM, nous avons lu la « justification » d'un des membre du groupe de recherche sur les paraphilies de la dernière version : une véritable liste d'arguments spécieux et hypocrites à un degré frappant... Ça nous a beaucoup éclairés sur sa mentalité et expliqué qu'il y a encore du pain sur la planche...

La psychiatrie a fait BEAUCOUP de mal au BDSM, et continue d'en faire, en dépit de quelques améliorations.

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