« Pervers ! » : le POIDS des mots (#2)
Les mots ça compte, et ça peut faire beaucoup de mal, directement, et indirectement.
Nous avions déjà abordé le sujet dans une précédente entrée de notre blog.
« Pervers ! »
Si vous avez lu des articles, et surtout des forums, où le sujet du BDSM est abordé, vous avez certainement constaté que les préjugés, mythes, stéréotypes et autres remarques blessantes, ne manquent pas. Dans certains sites, c'est carrément poussé à un degré affolant ! Nous en avons déjà souvent parlé...
Parmi les accusations les plus fréquentes, on trouve évidemment la notion de « perversion », généralement exprimée sous la forme de « pervers ! ».
Plus les gens sont ignorants, plus ils sont agressifs sur ces sujets. Et malheureusement, l'association « BDSM = perversion » est un de celles qui font le plus de mal !
Nous pouvons remercier les élucubrations des psychiatres et psychanalystes du 19e siècle (et d'une bonne partie du 20e) pour ça : ce sont eux qui ont placé dans un contexte de médicalisation (« maladie mentale ») des pratiques déjà mal comprises, et souvent mises à mal par le conservatisme sexuel de cette époque. Ce qui a énormément contribué à la stigmatisation de ces pratiques, alors qu'elles étaient (et sont encore) très répandues ! Et les conséquences s'en font encore sentir fortement de nos jours.
De nos jours, on ne parle -en principe- plus de perversions, mais de paraphilies (le terme ayant été jugé moins négatif). Ce qui ne change malheureusement RIEN pour la plupart des personnes dans le grand public, qui sont bien loin de ce genre de nuances. Mais le plus surprenant, c'est la persistance de ces concepts dépassés (sans parler du fait que BDSM et fétichisme ont maintenant été supprimés des paraphilies) dans des écrits de gens qui parlent avec dogmatisme, et parfois font partie du milieu médical ! C'est choquant (mais pas vraiment suprenant, il est difficile de changer les idées reçues). Nous avons récemment lus plusieurs articles qui avaient une mauvaise attitude et qui attaquaient brutalement le BDSM avec ce genre de conceptions d'un autre âge.
Un des soucis majeurs est que le mot « perversion », dans ce contexte, est devenu très toxique, et très stigmatisant ! Il permet de faire une association rapide et facile (qui ne demande pas de trop réfléchir) entre le BDSM et des activités jugées a priori comme « malsaines ». Peut importe que le nombre de gens qui les pratiquent soit énorme et que RIEN là-dedans ne soit en réalité « malsain ».
Le POIDS des mots
Oui, les mots, surtout quand ils sont utilisés de façon systématique (au niveau de la société entière), ça blesse à titre personnel et ça stigmatise du point de vue social, rendant souvent difficile voire impossible de parler de ses envies/soucis de peur de rejet (ou pire) et au final, de vivre sa vie comme on l'entend.
Nous trouvons encore trop souvent des articles qui pontifient à fond sur le sujet, en parlant de concepts psychiatriques et psychanalytiques clairement mal compris (ou pas du tout compris) et de toute façon totalement dépassés. L'ennui, c'est que la majorité des gens ne savent pas que ce ne sont que des élucubrations ! Donc, ça porte préjudice aux personnes qui font du BDSM ou qui voudraient en faire !
Encore de nos jours, alors que ces pratiques ont clairement, explicitement, été reconnues comme n'étant pas un problème, et certainement pas une « maladie mentale », on trouve des « psy » qui réagissent mal au sujet, par exemple en exigeant que le patient ou la patiente soit d'abord « guéri-e » avant de continuer leur traitement... Guéri de quoi ? C'est choquant !
Si même des supposés « pros » gardent encore des préjugés aussi absurdes, qu'espèrer du reste de la population ? Voilà comment on transforme de pratiques relativement banales en quelque chose qu'il faut cacher et dont il faut avoir honte...
Ce n'est pas demain que ces problèmes seront résolus !
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