Une illustration du problème des introductions au BDSM qui contiennent des erreurs grossières

Juin 11
Une illustration du problème des introductions au BDSM qui contiennent des erreurs grossières 11 Juin 2020 Larry

Nous avons déjà parlé à de multiples reprises des problèmes posés par les études sur le BDSM qui ne sont pas fiables ou pas sérieuses (et ne parlons pas du problème des écrits inaccessibles qui rendent très difficile toute tentative de critique).

Vous le savez, les mythes, préjugés et autres délires sont profondément enracinés dans le BDSM.

Nous avons aussi déjà parlé d'un problème de fond : comment faire confiance à des écrits qui contiennent des erreurs ? Même si l'auteur-e a de bonnes intentions, est sincère, si il ou elle mélange le vrai et le faux, comment voulez-vous utiliser un tel document ? Et ne parlons pas de la -grande- difficulté si on débute pour distinguer ce qu'il faut garder ou jeter !

Nous sommes retombés tout à l'heure, par hasard, sur un exemple de ce genre de problèmes que nous avions rencontré il y a plusieurs mois.

Cet article, en anglais, tente de démythifier le BDSM. Manque de chance, malgré la bonne volonté manifeste de l'auteur, il le fait en utilisant quantité de mythes/préjugés. C'est légèrement gênant...

Référence : The Truth About BDSM Relationships

L'article n'est pas 100% à jeter, il présente bon nombre d'aspects du BDSM de façon, disons, décente, malgré des raccourcis que nous pardonnerons. Mais nous allons vous présenter ci-dessous quelques-uns des gros problèmes trouvés dans son texte.

Notez que dans nos observations, les écrits sur le BDSM provenants de psychiatres, psychanalystes et même psychologues, sont parmi les plus problématiques et généralement fourrés d'erreurs, de préjugés, voire de délires dans les cas extrêmes.

Sadly, media BDSM has grossly distorted the pain that submissives experience. It’s more theatrical than real. When performed by ethical, nurturing dominants (“doms” or “tops, ), BDSM is never abusive.

Premier problème majeur : non, le BDSM ce n'est pas que la douleur ! C'est une erreur critique, et dans tout son texte il vous donne uniquement la vision que « BDSM=SM (=douleur) », ce qui est un mythe majeur que nous dénonçons depuis des années !

Ensuite, dire que le BDSM est plus théatral que réel est absurde, surtout quand on lit la citation suivante (qu'on trouve plus bas dans son texte) :

BDSM is more theatrical than real. Participants carefully choreograph their moves in advance.

Non ! C'est n'importe quoi !

Les participant-e-s choérographient tout à l'avance ? N'importe quoi ! Rares sont les personnes qui théatralisent vraiment et suivent un scénario très précis. Ça existe, nous le savons, mais c'est une infime minorité. Parler avec des gens lors de Munchs, soirées ou sur les forums BDSM vous le montre immédiatement...

Il parle clairement d'un sujet qu'il ne connaît pas vraiment !

Vous avez remarqué que son assertion est très forte, pas nuancée. On ne peut pas pardonner une erreur aussi énorme quand on pense que les gens qui vont lire ce texte sont principalement des débutant-e-s ou des personnes curieuses, qui évidemment, ne pourront pas se rendre compte de l'énormité de cette erreur.

First, participants agree on a “safe” word, a stop signal that the sub can invoke at any time. The safe word immediately stops the action—at least until the players have discussed the reason the bottom invoked it, and have mutually agreed to resume. A popular safe word is “red light.”

Ensuite, il parle assez longuement des mots d'arrêt (safewords).

Ça fait des années que nous nous battons contre ce mythe : non, les safewords ne sont pas indispensables, ils sont rarement utiles et peuvent aisément devenir dangereux (surtout si on débute).

Il ne fait ici que répéter sans comprendre ni prendre de recul, ce qu'on lui a dit ou ce qu'il a lu.

Un dernier problème : dans à peu près tout son texte, l'auteur parle de gens qui sont « à fond dans le BDSM », bref une petite minorité. C'est une des erreurs récurrentes de ce genre de textes !

Nous vous passons le reste du texte, nous pourrions en rajouter, mais les points ci-dessus sont les plus importants, selon nous.

C'est problématique que des gens écrivent des textes d'introduction sur un sujet dont ils ou elles ne connaissent presque rien. Et propager les mythes/préjugés sur le BDSM n'aide pas non plus !

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